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Kis türelmet...
Bejelentkezés
À l’occasion de la remise du rapport « Pour une consommation durable », commandé au Centre d’analyse stratégique (CAS) par le gouvernement, Elisabeth Laville explique les enjeux de la consommation durable. Fondatrice de l’agence Utopies, auteur de nombreux ouvrages sur le sujet et fondatrice du site Mescoursespourlaplanète.com, elle a présidé la rédaction de ce rapport.
Qu’est-ce que la consommation durable ?
La consommation durable nous paraît devoir se définir comme un triple changement de nos habitudes. Il s’agit, d’abord, de changer les finalités de notre consommation, trop souvent considérée comme la voie principale d’accès au bonheur et de participation à la société. Les études montrent en effet aujourd’hui qu’une fois les besoins essentiels satisfaits, le bonheur n’augmente plus forcément avec le niveau de consommation. Au contraire, même : passé un certain stade, la consommation devient ostentatoire et source de frustrations.
Ensuite, il faut un changement des pratiques et des comportements ; plutôt que d’acquérir un produit, il est préférable de se tourner vers son équivalent « vert » ou équitable, voire, plus radicalement encore, de dématérialiser sa consommation, ce qui revient concrètement à louer ou emprunter ce dont on a besoin plutôt que de l’acheter.
Enfin, la consommation durable suppose une évolution de notre culture et de notre mode de vie pour améliorer la qualité de vie grâce au temps et aux ressources ainsi libérées. Consommer moins peut aussi permettre de travailler moins, une situation qui permet de dégager du temps libre pour des activités non matérielles ou non marchandes : liens familiaux et sociaux, culture, art, sport, loisirs, vie associative.
La consommation durable est-elle différente de la consommation responsable ?
Non, c’est la même chose. L’expression change juste selon l’acteur qui l’utilise : consommation durable est le terme en usage du côté des pouvoirs publics, consommation responsable est généralement préféré par les écologistes, les alter-consommateurs et les militants.
A quels enjeux répond la consommation durable ?
Elle apporte une réponse au caractère non-durable de notre société de consommation. Il suffit de regarder les chiffres de l’empreinte écologique pour se convaincre que le modèle actuel a trouvé ses limites : il faudrait disposer de 3 planètes pour permettre à tout le monde de vivre comme un Français ; ce n’est évidemment pas le cas.
Comment changer notre société ?
Notre rapport met en avant, et c’est une première en France, la nécessité de faire de la consommation durable une priorité politique à part entière, abordée de manière volontariste et distincte de la production durable. Il ne s’agit pas uniquement d’encourager la fabrication de produits « verts » puis d’orienter la consommation vers ces produits, comme on le fait actuellement : il faut aussi poser la question du volume global de notre consommation et dans certains cas revoir le mode d’utilisation des produits et les ressources consommées. Si l’on prend l’exemple de la téléphonie mobile, l’explosion des ventes partout à la surface du globe, l’obsolescence accélérée des produits et leur renouvellement stimulé sans cesse par les nouvelles fonctionnalités (sophistiquées et gourmandes en énergie), l’absence de possibilité de changer les batteries voire de réparer les téléphones dans certains cas et enfin le très mince taux de recyclage des téléphones (moins de 1%) font plus qu’annuler les progrès réalisés sur l’éco-conception des appareils ! D’autant plus que prévus pour durer 3 ans, ils sont changés en moyenne tous les 9 mois dans les pays riches.
Il faut briser le cercle vicieux dans lequel les gains d’efficacité écologique sur les produits sont annulés par l’explosion de la consommation.
Pourquoi placer en tête des recommandations une politique d’éducation ?
L’éducation est essentielle pour aider chacun à prendre des décisions en toute connaissance de cause. Elle l’est aussi parce que les bons ou les mauvais réflexes se prennent tôt (les trois quarts des produits consommés par les enfants le seront encore à l’âge adulte). Même nous, qui sommes sensibilisés aux problèmes de la surconsommation, nous avons du mal à nous défaire des mauvaises habitudes que nous avons prises. C’est pourquoi l’éducation, aujourd’hui, des consommateurs de demain est une priorité. Leur apprendre à faire un budget pour arbitrer leurs choix évitera qu’ils ne tombent dans le piège du surendettement. Leur apprendre l’histoire et l’origine des produits leur permettra de savoir ce qui est bon ou mauvais pour la planète et de décider s’il convient de manger des fraises en hiver ou des poissons menacés d’extinction. Leur apprendre à décrypter les publicités leur donnera des clefs pour réfléchir à l’utilité de leurs achats.
Comment alors mieux sensibiliser à ces problèmes ?
L’effet des mesures éducatives, si elles sont mises en place, ne sera visible qu’au fil des décennies car l’éducation prend du temps et l’on doit continuer à éduquer et à informer tout au long de la vie. Mais certains moments sont plus propices que d’autres : la venue au monde d’un enfant est ainsi un événement qui invite souvent les familles à reconsidérer leurs habitudes de vie. Avec une naissance, les préoccupations pour la santé et les générations futures augmentent, et c’est bien souvent à ce moment que les familles décident de passer à une alimentation bio. La grossesse est également un moment où les familles sont souvent en contact avec les pouvoirs publics, qui pourraient comme au Danemark faire passer des messages sur les substances toxiques au quotidien (dans les produits détergents ou de décoration -les peinture, notamment- dans les produits cosmétiques, etc.).
Enfin, il faut adapter l’information aux différents publics. L’erreur actuelle consiste à s’adresser à un consommateur moyen indéterminé. Disons, pour caricaturer, la ménagère de moins de 50 ans. Pourtant, on sait bien qu’elle n’existe pas et que la consommation varie selon les revenus. Il n’est pas pertinent de dire aux moins aisés de ne pas prendre l’avion puisqu’ils n’en ont de toute façon pas les moyens, alors que les plus riches le feront plus volontiers pour partir le temps d’un week-end, tout en étant les premiers à consommer bio ou équitable ! On ne peut pas s’adresser à ces deux groupes de la même façon. L’information personnalisée, au plus près du vécu des individus, est nécessaire, pour éviter ce que l’on appelle l’effet rebond : dans les logements sociaux, par exemple, on a constaté qu’avec l’introduction de chauffe-eaux solaires, la consommation d’eau avait quasi-doublé parce qu’elle coûtait moins cher.
Elisabeth Laville, présidente du groupe de travail sur le rapport du Centre d’analyse stratégique
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E-mail: ugyfelszolgalat@network.hu
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